Portrait Femme
La femme Coq n'est jamais de type Junon, bien en chair, susceptible d'inspirer un Rubens. Au contraire, elle est en général petite et maigre, voire émaciée, avec une ossature saillante qui la fait ressembler à un anchois vidé dont on ne voit plus que les arêtes. La démarche est nerveuse et précipitée; on dirait que la native a toujours trois gangsters ou trois créanciers à ses trousses. Les pommettes sont saillantes, les yeux vifs et profonds, jamais humides ou rêveurs. La bouche large, bordée de lèvres très minces, accuse une tendance extrême au bavardage: c'est peut-être là le signe le plus distinctif de la femme Coq. Celle-ci, en effet, ne cesse de parler. Il lui faut constamment déverser des flots de paroles. On pourrait se demander combien de calories elle doit dépenser pour caqueter du matin au soir.
Le Coq au féminin se sent à l'aise dans tous les métiers où l'on doit utiliser... sa salive. De la vente à la criée au porte à porte, de l'enseignement à la politique, de l'action syndicale à la presse parlée, le choix est vaste. C'est pourquoi la native se sent très peu concernée personnellement par le problème du chômage. Bien que sa capacité d'adaptation soit grande, elle ne déteste rien tant qu'un travail de routine, avec des heures fixes et à l'écart d'une clientèle ou d'une assemblée. Ce n'est pas non plus une femme d'intérieur, car la monotonie des tâches ménagères peut la déprimer et l'irriter. Elle connaît parfois de beaux succès professionnels grâce à son pouvoir de persuasion. Elle convainc sans grande peine ses interlocuteurs qui, submergés sous l'avalanche de ses paroles, préfèrent ne pas lui résister. Ses arguments, cependant, ne sont pas toujours objectivement valables.
La femme Coq peut être intéressante, mais les hommes ne la trouvent pas assez "femelle" et hésitent à lui faire la cour. S'ils recherchent sa compagnie, c'est parce qu'elle est gaie, primesautière, ayant peu de complexes et de sus-ceptibilités. Ils l'acceptent volontiers comme "copine", sans plus. A leurs yeux, elle manque de vraie féminité. La coquetterie s'inscrit bien dans la liste de ses habitudes; elle a tendance à forcer son maquillage, se barbouillant trop de rouge et de vert ou de bleu, peut-être dans le souci inconscient de compenser sa nature peu pourvue de charmes féminins.
Le Coq au féminin est résolument féministe - ce qui tend à confirmer une certaine opinion que les féministes ne sont pas de vraies femmes. Alors qu'elle ne cherche pas systématiquement à dénigrer les hommes et à préconiser la révolte, elle se sent parfaitement à égalité avec le sexe dit fort et entend être traitée comme telle. Elle n'a généralement pas à se plaindre à ce sujet, puisque les plus misogynes des hommes ont de la considération pour elle.
Un peu autoritaire et tenant à son indépendance comme à la prunelle de ses yeux, elle répond mal aux normes bourgeoises de bonne épouse et de bonne mère. Elle peut être maternelle et s'occupe décemment de ses enfants à condition qu'ils soient beaux, intelligents et dynamiques. Son mari n'aurait jamais intérêt à lui imposer une façon de vivre quelconque, car toute contrainte la rebute. Elle ne conçoit pas le mariage conventionnel comme la meilleure solution de vie pour la femme ou pour l'homme. C'est pourquoi elle peut facilement opter pour le célibat ou l'union libre. Elle peut aussi accepter le divorce sans larmes ni pincements au coeur, se moquant éperdument du qu'en-dira-t-on. Mais c'est souvent à partir de la cinquantaine que la femme Coq seule commence à sentir le poids de la solitude et à souhaiter l'union avec un homme gentil et tolérant. C'est au troisième âge qu'elle a plus de chance de réaliser le bonheur conjugal.
Cette femme est très sensible à la flatterie et plus sensible encore aux critiques. Elle a un besoin énorme de compliments et d'applaudissements. Pour peu qu'on satisfasse ce besoin, elle est capable de soulever les montagnes et de se dévouer corps et âme; elle fait alors preuve d'une efficacité exceptionnelle. Mais elle vous en voudrait à mort si vous aviez la témérité de la critiquer, même avec la meilleure intention du monde.
L'imprévoyance est un de ses pires défauts. Lui dire de ne pas faire de dépenses excessives équivaudrait à dire à un canard de ne pas se jeter à l'eau. Plus elle connaît de soucis ou de déceptions, plus elle dépense allègrement l'argent qu'elle a gagné durement. Et ce qu'elle achète est souvent superflu ou inutile. Elle doit apprendre à résister à cette impulsion funeste et à faire de bonnes économies en prévision des coups durs ou des mauvais jours. "Si l'on peut en finir du passé avec l'oubli, on n'en finit pas de l'avenir avec l'imprévoyance", disait Lamennais.
Portrait Homme
Quoi qu'il fasse ou quoi qu'il mange, le Coq au masculin ne connaîtra jamais le problème de l'embonpoint. C'est le type d'homme à l'aspect physique quelque peu desséché, noueux, au ventre plat, aux épaules tombantes et aux membres qui n'en finissent pas. Lorsqu'il marche, c'est comme s'il était en train d'arpenter un terrain, tellement il allonge ses jambes démesurées. La voix est grave et forte, aux chaudes intonations, celle à laquelle toute femme vraiment sensuelle aurait du mal à résister. Le regard, vif et teinté d'une certaine malice, a tôt fait de décontenancer celui qui essaie de dire un mensonge.
L'ambition est la trame de la vie de cet homme. Elle peut se traduire à tous les niveaux et dans tous les secteurs d'activité où l'homme Coq peut se trouver. Gagner beaucoup d'argent, collectionner des tas de diplômes ou de rubans, séduire le plus grand nombre de femmes possible... tout moyen lui semble bon, pourvu qu'il lui permette de briller. Il n'est pas rare qu'il arrive à ses fins, car il est amplement pourvu de dons réels. Mais l'éclat qu'il émet est souvent éphémère et le laisse insatisfait. Il doit apprendre à être modeste, ne serait-ce que pour briller mieux. "La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau: elle lui donne de la force et du relief", disait très justement La Bruyère.
Ce besoin de briller, d'avoir le beau rôle, est susceptible de pousser l'homme Coq jusqu'au bord de la témérité. Il peut être aussi follement dépensier que la femme du signe. Il peut prendre à la légère toutes sortes de dangers, physiques ou autres, courant ainsi le risque de se casser le nez (ou l'ergot, si vous voulez), de ruiner sa santé ou de compromettre sa carrière. Il ressemblera alors à l'éphémère qui se brûle les ailes en voulant accaparer l'éclat du feu qui le fascine.
Les jolies femmes sont la grande affaire de la vie de l'homme Coq, non parce que sa sexualité est exceptionnellement débordante - il peut parfois même être victime de l'impuissance - mais parce qu'elles constituent pour lui un sujet de prestige. Regardez un coq qui se pavane dans une basse-cour au milieu d'une foule de poules apeurées, et vous comprendrez ce que je veux dire. Et il s'agit bien de cela.
Le natif ne prise rien tant que la possibilité de s'entourer de beautés qui vous coupent le souffle, de les épater, de les dresser par jalousie les unes contre les autres. Il veut aussi se faire le champion des plus beaux spécimens du sexe dit faible. Ce serait lui faire une injustice que de le traiter de papillon volage. Il n'est pas plus enclin à l'infidélité conjugale que d'autres hommes et peut même ne s'attacher qu'à une seule femme toute sa vie. S'il fait la cour à d'autres femmes que la sienne, c'est uniquement par souci de briller. Celle qui l'aime a intérêt à prendre conscience de ce fait et à ne pas prendre inutilement ombrage des agissements de son mari (ou son amant) Coq. Les femmes laides ou sans éclat, même si elles sont éminemment féminines et sexy, n'intéressent guère notre homme.
Parmi les professions susceptibles d'attirer l'homme Coq, citons en premier lieu les spéculations financières. La banque et la bourse forment son terrain de prédilection, car il est avide d'argent qui lui permette d'épater. Il aime aussi la politique et le barreau qui lui donnent la possibilité de faire des discours fleuris. Tout ce qui a trait au spectacle l'intéresse pour les raisons que nous connaissons bien.